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Blog personnel d'analyse et de point de vue. Sur Twitter : @MGaouad

Par quel bout prendre l’Afrique ?

Publié le 5 Décembre 2013 par Moktar Gaouad

Par quel bout prendre l’Afrique ?

(Contribution avant le Sommet de l’Elysée – 6 et 7 déc. 2013)

En Afrique, la légende raconte comme suit  l’implantation du chausseur Bata sur le continent noir. En y arrivant, deux « commerciaux » du fabricant parcourent deux chemins différents pour bien cerner ce nouveau marché. Partant de l’Afrique du sud, l’un emprunte la partie Est de l’Afrique australe et l’autre sa partie Ouest. Le premier remonte par la Namibie et son immense désert du Kalahari, traverse l’immense ex-Zaïre et sa forêt peu peuplée. Il conclut son périple et dit : « No business ! Peu de gens à chausser et il n’y a rien à tirer de cette Afrique ». Le second commercial remonte l’Afrique du sud et le Zimbabwe peuplés, passe au Kenya et finit en Ethiopie et ses dizaines de millions d’habitants. « C’est ici, c’est en Afrique où il y a le plus grand potentiel ! », dit-il à sa direction. C’est ainsi et c’est connu, vu d’Europe, on ne sait toujours pas par quel bout prendre le continent africain.

L’Afrique est incontestablement le continent de l’avenir. Sinon, pourquoi autant d’entreprises y accourent-elles ? Elle se stabilisera sur un plan politique car le « Printemps arabe » y a été vécu comme une sommation donné à ses dirigeants sub-sahariens. Il y eut l’alternance au Sénégal et au Ghana. Ailleurs, nombre de régimes ont entamé de vraies transitions démocratiques ou ont vacillé.

Le continent comptera près de 2 milliards de personnes en 2050. L’émergence d’une classe moyenne au pouvoir d’achat considérable et la sédentarisation galopante y sont autant d’atouts. Les taux de croissance y frôlent les deux chiffres. En Afrique, les grands travaux se nomment le barrage de Gibe en Ethiopie et ses 4 milliards d’euros ou les chemins de fer sud-africains et leurs 4,5 milliards d’euros. En Afrique, on ne demande plus à recycler les vieilles machines. On commande le TGV, comme au Kenya où l’on vient d’entamer la ligne Nairobi – Mombasa.

La Chine, la Turquie, le Brésil, le Japon et la Corée du sud ne sont plus à convaincre. Ils y investissent en masse. Les monarchies du Golfe y arrivent ostensiblement. Reste l’Europe où de vieux réflexes inhibent ses investisseurs. Pourtant, le vieux continent et la France en particulier y ont de bons relais et partent avec une vraie connaissance de l’Afrique.

Les pays africains ont changé. La jeunesse, de plus en plus instruite, mise sur son avenir « chez elle ». Elle ne laissera plus sa classe dirigeante la « brader » ou la « voler ». Le Sommet de l’Elysée sur l’Afrique qui se déroule les 6 et 7 décembre 2013 ne devrait pas oublier que le meilleur moyen d’investir en Afrique, y compris pour sa paix et sa sécurité,  est de miser sur jeunesse.

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