Le foot, rien que le foot

Le football est un merveilleux sport qui déchaîne la plus forte adhésion des peuples du monde. Mais il peut entraîner à des inepties extra-sportives dont l’apothéose fut le déclenchement de la première « guerre du football » en 1969 entre le Salvador et le Honduras. Plus de 4000 morts après un conflit armé de plusieurs semaines. Je vous renvoie à l’excellent récit qu’en a fait le journaliste et écrivain polonais Ryszard Kapuscinski dans son livre « Il n’y aura pas de paradis » (Ed  Pocket).  Il y eut également de nombreux froids politiques entre Etats suite à des matchs de football.

Et en France, diriez-vous ? Non, nous n’avons pas déclaré la guerre à l’Allemagne en 1982 et ne romprons pas nos relations diplomatiques avec l’Ukraine à l’issue du mach de mardi. Dans notre pays qui n’est donc pas une exception dans la passion footballistique, l’ennemi est interne. Il est grognon, bougon, parle de tout sauf du match lui-même et de son seul enjeu sportif. Il oublie que les pays face à nous ont eux-aussi un onze national, une équipe entraînée, point sous-alimentée et qui aspire autant que celle de la France à se qualifier pour la Coupe du monde. Oui, si l’on ne jouait pas contre des adversaires, s’il n’y avait pas de compétition, nous serions automatiquement bons !

« Quand je gagne, je suis français ; quand je perds, je suis camerounais »

A chaque échéance cruciale, les Français se prennent  pour des entraîneurs, les politiques s’en mêlent et les journalistes perdent de vue l’essentiel : couvrir et commenter le fait sportif. Les commentaires indignes de certains journalistes, donneurs de leçons (tactiques ?), au calendrier (politique ?) présenté avec des allusions à peine voilées et que chacun a pu saisir ne datent pas d’hier. Ils n’ont jamais empêché les meilleurs sportifs français de toutes origines de graver leurs noms au tableau des performances de la France sur le plan mondial. Quel sportif disait déjà : « Quand je gagne, je suis français ; quand je perds, je suis camerounais » ?

Soyons clairs : la fédération de football et l’encadrement sont les seuls responsables de la sélection nationale. Le plus rassurant dans tout cela est que l’histoire ne retiendra pas un Pascal Praud éructant ou un Ménès jonglant, mais la performance de Michel Platini, de Zinedine Zidane et les tirs puissants de Paul Pogba. Voici pour les footballeurs. D’autres champions français s’appelaient Mimoun, Bambuck, Perec, Noah, Diagana, Trésor, Kopa, Djorkaeff, Tsonga, Tigana…etc.

Alors, le foot, rien que le foot ! Mardi, la France unie derrière son équipe se qualifiera pour la Coupe du monde au Brésil. Mais ces commentateurs malveillants - tels des Gollum schizophrènes – trouveront toujours des choses extra-sportives à dire.